La situation dans le Sud-est de l'Ukraine est au bord de la catastrophe
industrielle. Près de la moitié du complexe économico-industriel de
l'Ukraine est concentrée dans le Donbass. Toute usine ou fabrique peut
sauter à tout instant étant donné les bombardements incessants. Il
suffit qu'un tir guidé ou un obus égaré frappent un combinat chimique
pour que le Sud-est de l'Ukraine devienne zone de terre brûlée.
Environ 4 000 entreprises industrielles sont implantées
dans les régions de Donetsk et de Lougansk en proie à des combats
acharnés. Chacune de ces entreprises représente une menace potentielle à
l'écologie. Il est difficile d'évaluer les dimensions du préjudice
qu'un seul obus peut provoquer. La pollution par des matières chimiques
causera du tort à l'ensemble de l'écologie de la région, est persuadé le
rédacteur en chef de la revue Ekologuiïa i juzn (l'écologie et la vie)
Alexandre Samsonov :
«
Dans les usines sidérurgiques on réalise souvent le recyclage de
l'oxyde de soufre. Cela peut entraîner la pollution de l'air par des
particules de poussière propagées par le vent. Si elles tombent dans
l'eau, dans une source d'eau, les réserves d'eau seront contaminées.
Cela sera une contamination durable des productions aussi bien
sidérurgiques que chimiques. Pratiquement chaque grande entreprise
abrite sur son territoire des réservoirs contenant des matières qu'il
faut recycler ».
De telles substances
représentent une menace cancérogène pour toute la population de la
région. Le combinat chimique Stirol à Gorlovka dans la région de Donetsk
est une bombe à retardement. Le 5 août, l'entreprise a été bombardée
par des systèmes de missiles Ouragan et Grad, cinq missiles se sont
abattus sur le territoire de l'usine où des quantités immenses de
matières toxiques restent stockées, plus particulièrement des tonnes de «
poison sanguin », le nitrochlorbenzène, souligne le directeur de
l'Institut de la planification stratégique et de la prévision Alexandre
Goussev :
« Le
combinat Stirol fait partie des entreprises utilisant du
nitrochlorbenzène dans la production. C'est une substance cristalline
diluable dans l'eau appartenant à la deuxième classe de danger. Le
propriétaire du combinat Dmitri Firtach a déclaré que l'entreprise avait
été arrêtée au début de mai et qu'il n'y avait pratiquement plus de
nitrochlorbenzène sur son territoire. Mais c'est un mensonge. De l'ordre
de 12 000 tonnes de substances sont stockées sur le territoire du
combinat. Outre le nitrochlorbenzène il s'agit des composés du mercure
».
En septembre 2011 l'administration de la
région de Donetsk a signé un contrat avec une société israélienne
prévoyant l'évacuation du nitrochlorbenzène de l'usine. Cependant le
secrétaire de presse du groupe Pavel Brykov a déclaré récemment que des
tonnes de ce « poison sanguin » mortel restaient stockés dans
l'entreprise. En plus, il y a sur le territoire de Stirol environ 15
tonnes de TNT produit précédemment.
Le conduit
d'ammoniac Togliatti-Odessa passe par Gorlovka. Il n'y a plus
d'ammoniac, mais le tuyau contient des résidus du gaz technique. L'un et
l'autre sont un tonneau à poudre qui explosera suite à un impact
direct. Selon Alexandre Goussev une seule explosion dans Stirol produira
une catastrophe écologique régionale :
«
Le nitrochlorbenzène est une substance diluable dans l'eau, c'est
pourquoi une fois pénétré dans le sol ou dans l'eau, il provoquera une
grave contamination des eaux souterraines. Suite à leur passage, la
superficie contaminée peut s'étendre au minimum à 300 kilomètres sur
300. C'est le minimum de ce qui pourra se produire suite à un accident
dans cette entreprise. Si l'ampleur des bombardements ne diminue pas, le
rayon va naturellement augmenter. Plusieurs rivières et les eaux de la
mer d'Azov pourraient être contaminées et alors il faudra parler d'une
catastrophe régionale et non pas locale. Un passage transfrontalier est
possible ».
Les retombées des accidents dans les
entreprises industrielles du Donbass peuvent toucher les pays voisins de
l'Union européenne et la Russie, notamment la région limitrophe de
Rostov. Le ministère des Ressources naturelles de Russie, conscient de
cette menace écologique éventuelle, a placé sous un contrôle spécial la
situation sur la frontière. Cependant l'unique moyen sûr de prévenir une
catastrophe industrielle est d'arrêter les combats dans le Donbass.Source : http://french.ruvr.ru/2014_08_14/Vie-empoisonnee-du-Donbass-Stirol-et-dautres-catastrophes-7159/
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