© Collage : La Voix de la Russie
Le 5 août au matin une nouvelle trêve est entrée en vigueur à Gaza
après un mois environ de bombardements israéliens. Israël et le Hamas
ont accepté la proposition d'Egypte d'instaurer un cessez-le-feu de 72
heures et d'envoyer leurs représentants au Caire pour négocier des
moyens de relancer un règlement israélo-palestinien. Les Palestiniens se
trouvent au Caire depuis dimanche. Une délégation israélienne y doit
arriver d'un moment à l'autre.
Le ministère des Affaires étrangères de Russie a salué
l'accord sur un cessez-le-feu à Gaza et a appelé toutes les parties à le
respecter inconditionnellement. Les experts du Proche-Orient estiment
que la médiation d'Egypte signifie son retour complet dans le processus
de règlement arabo-israélien en tant qu'acteur majeur après une pause de
ces dernières années liée à la révolution.
Israël a
déjà commencé le retrait de ses troupes de la bande de Gaza ayant
déclaré qu'elles avaient accompli la mission majeure, à savoir détruire
la plupart des tunnels par lesquels les terroristes du Hamas
s'introduisaient sur le territoire israélien, ainsi que causer un
préjudice irréparable à l'infrastructure et au commandement du Hamas. A
peu près la même chose a été déclarée par Tsahal lors de l'opération
précédente de 2009.
Le directeur du Centre palestinien
des droits de l'homme à Gaza Raji Sourani a déclaré dans un entretien à
La Voix de la Russie que la bande de Gaza était actuellement en état
d'une catastrophe humanitaire. Selon lui, plus de 400 000 Palestiniens,
soit un habitant sur cinq, se sont vus obligés de quitter leur foyer.
«
Il faut noter qu'avant même l'opération israélienne, les conditions de
vie dans l'enclave laissaient à désirer à cause du blocus. Sa raison
officielle consistait dans la volonté d'affaiblir le Hamas, mais
c'étaient les simples Palestiniens qui en souffraient en premier lieu.
90 % des habitants de Gaza vivent au-dessous du seuil de pauvreté et 85 %
subsistent grâce à l'aide humanitaire étrangère. En plus, en 2009 et en
2012 Gaza a déjà subi des opérations d'Israël. L'infrastructure
détruite au cours de ces conflits n'a pas été rétablie complètement.
Pour ce qui est de la guerre actuelle, il est devenu clair dès ses
premières heures que les habitants de Gaza étaient la cible principale
d'Israël ».
En réalité, Israël a été forcé
d'arrêter son opération suite à une vague d'indignation soulevée dans le
monde par un nombre non proportionnel de victimes parmi la population
civile de la bande de Gaza actuellement en ruines. D'après les données
palestiniennes, en 29 jours de l'opération israélienne plus de 1 800
personnes ont été tuées et 9 000 autres ont été blessées. Tsahal a beau
affirmer que plus de la moitié des tués sont des terroristes, les
Palestiniens et l'ONU estiment que les deux tiers d'entre eux sont des
habitants civils, dont des femmes et des enfants. Plus de 4000 bâtiments
civils ont été détruits, une dizaine d'écoles de l'ONU hébergeant des
réfugiés comprise. Côté israélien on recense 63 soldats et officiers
tués.
De par son ampleur et le nombre de victimes cette
dernière opération dépasse de deux fois celle de 2009. Les Etats-Unis et
l'UE ont donné à comprendre au gouvernement de Benjamin Netanyahu qu'il
s'était rapproché au plus près de la ligne rouge derrière laquelle
l'Occident ne pourrait plus soutenir les actions israéliennes.
Benjamin
Netanyahu a accepté l'arrêt de l'opération avec un mécontentement
évident. A cet effet, les journaux américains relatent une épisode
instructive de la conversation du dimanche 3 août entre le secrétaire
d'Etat américain John Kerry et Benjamin Netanyahu. Le département d'Etat
a annoncé que la conversation avait été interrompue à cause des «
problèmes de laison ». Les reporters ne se sont pas laissés berner par
ces balivernes et estiment que Netanyahu irrité par les propos de Kerry a
tout simplement raccroché le combiné.
La professeur
d'American University à Washington et ancienne spécialiste du
Proche-Orient au département d'Etat américain Hillary Mann Leverett
trouve évident le retour sur la scène du règlement proche-oriental de la
grande puissance régionale, l'Egypte. Mme Mann Leverett estime que
Washington et l'administration Obama n'ont plus rien à proposer aux
parties du conflit. Leurs « portefeuilles sont vides » et
l'administration américaine en place n'a aucune idée neuve pour parvenir
à la paix israélo-palestinienne ou israélo-arabe.
«
Je pense que l'Egypte, l'Arabie saoudite – et j'y ajouterais la Turquie
– ses trois Etats critiquement importants pour la région, des alliés
importants des Etats-Unis, sont particulièrement intéressés à la reprise
du processus de paix. Il leur est difficile de garder les relations
normales avec les Etats-Unis tant qu'Israël tue les Palestiniens
littéralement chaque jour. L'heure d'épreuves critiques est venue pour
ces pays. Les Etats-Unis sont une puissance en perte d'influence. C'est
une puissance dont les positions se déprécient au Proche-Orient. Ces
pays doivent maintenant prouver leur capacité de s'entendre sur un
cessez-le-feu durable ».
Pour stimuler Netanyahu
à entamer les négociations avec les Palestiniens Washington a promis
d'accorder à Israël 225 millions de dollars supplémentaires. Cette somme
servira à moderniser le système anti-missile Dôme de fer qu'Israël
utilise pour parer les tirs de roquettes du Hamas.
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