mardi 5 août 2014

Le Caire invite Israël et le Hamas à parler la paix

Le Caire invite Israël et le Hamas à parler la paix

 Le 5 août au matin une nouvelle trêve est entrée en vigueur à Gaza après un mois environ de bombardements israéliens. Israël et le Hamas ont accepté la proposition d'Egypte d'instaurer un cessez-le-feu de 72 heures et d'envoyer leurs représentants au Caire pour négocier des moyens de relancer un règlement israélo-palestinien. Les Palestiniens se trouvent au Caire depuis dimanche. Une délégation israélienne y doit arriver d'un moment à l'autre.

Le ministère des Affaires étrangères de Russie a salué l'accord sur un cessez-le-feu à Gaza et a appelé toutes les parties à le respecter inconditionnellement. Les experts du Proche-Orient estiment que la médiation d'Egypte signifie son retour complet dans le processus de règlement arabo-israélien en tant qu'acteur majeur après une pause de ces dernières années liée à la révolution.
Israël a déjà commencé le retrait de ses troupes de la bande de Gaza ayant déclaré qu'elles avaient accompli la mission majeure, à savoir détruire la plupart des tunnels par lesquels les terroristes du Hamas s'introduisaient sur le territoire israélien, ainsi que causer un préjudice irréparable à l'infrastructure et au commandement du Hamas. A peu près la même chose a été déclarée par Tsahal lors de l'opération précédente de 2009.
Le directeur du Centre palestinien des droits de l'homme à Gaza Raji Sourani a déclaré dans un entretien à La Voix de la Russie que la bande de Gaza était actuellement en état d'une catastrophe humanitaire. Selon lui, plus de 400 000 Palestiniens, soit un habitant sur cinq, se sont vus obligés de quitter leur foyer.
« Il faut noter qu'avant même l'opération israélienne, les conditions de vie dans l'enclave laissaient à désirer à cause du blocus. Sa raison officielle consistait dans la volonté d'affaiblir le Hamas, mais c'étaient les simples Palestiniens qui en souffraient en premier lieu. 90 % des habitants de Gaza vivent au-dessous du seuil de pauvreté et 85 % subsistent grâce à l'aide humanitaire étrangère. En plus, en 2009 et en 2012 Gaza a déjà subi des opérations d'Israël. L'infrastructure détruite au cours de ces conflits n'a pas été rétablie complètement. Pour ce qui est de la guerre actuelle, il est devenu clair dès ses premières heures que les habitants de Gaza étaient la cible principale d'Israël ».
En réalité, Israël a été forcé d'arrêter son opération suite à une vague d'indignation soulevée dans le monde par un nombre non proportionnel de victimes parmi la population civile de la bande de Gaza actuellement en ruines. D'après les données palestiniennes, en 29 jours de l'opération israélienne plus de 1 800 personnes ont été tuées et 9 000 autres ont été blessées. Tsahal a beau affirmer que plus de la moitié des tués sont des terroristes, les Palestiniens et l'ONU estiment que les deux tiers d'entre eux sont des habitants civils, dont des femmes et des enfants. Plus de 4000 bâtiments civils ont été détruits, une dizaine d'écoles de l'ONU hébergeant des réfugiés comprise. Côté israélien on recense 63 soldats et officiers tués.
De par son ampleur et le nombre de victimes cette dernière opération dépasse de deux fois celle de 2009. Les Etats-Unis et l'UE ont donné à comprendre au gouvernement de Benjamin Netanyahu qu'il s'était rapproché au plus près de la ligne rouge derrière laquelle l'Occident ne pourrait plus soutenir les actions israéliennes.
Benjamin Netanyahu a accepté l'arrêt de l'opération avec un mécontentement évident. A cet effet, les journaux américains relatent une épisode instructive de la conversation du dimanche 3 août entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et Benjamin Netanyahu. Le département d'Etat a annoncé que la conversation avait été interrompue à cause des « problèmes de laison ». Les reporters ne se sont pas laissés berner par ces balivernes et estiment que Netanyahu irrité par les propos de Kerry a tout simplement raccroché le combiné.
La professeur d'American University à Washington et ancienne spécialiste du Proche-Orient au département d'Etat américain Hillary Mann Leverett trouve évident le retour sur la scène du règlement proche-oriental de la grande puissance régionale, l'Egypte. Mme Mann Leverett estime que Washington et l'administration Obama n'ont plus rien à proposer aux parties du conflit. Leurs « portefeuilles sont vides » et l'administration américaine en place n'a aucune idée neuve pour parvenir à la paix israélo-palestinienne ou israélo-arabe.
« Je pense que l'Egypte, l'Arabie saoudite – et j'y ajouterais la Turquie – ses trois Etats critiquement importants pour la région, des alliés importants des Etats-Unis, sont particulièrement intéressés à la reprise du processus de paix. Il leur est difficile de garder les relations normales avec les Etats-Unis tant qu'Israël tue les Palestiniens littéralement chaque jour. L'heure d'épreuves critiques est venue pour ces pays. Les Etats-Unis sont une puissance en perte d'influence. C'est une puissance dont les positions se déprécient au Proche-Orient. Ces pays doivent maintenant prouver leur capacité de s'entendre sur un cessez-le-feu durable ».
Pour stimuler Netanyahu à entamer les négociations avec les Palestiniens Washington a promis d'accorder à Israël 225 millions de dollars supplémentaires. Cette somme servira à moderniser le système anti-missile Dôme de fer qu'Israël utilise pour parer les tirs de roquettes du Hamas.
 

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