Depuis que l'Indice de la Paix dans le Monde
en 2014 a été publié cet été, de nombreux pays compris dans le Top 10
des pays jugés les plus «pacifiques» s’en sont félicités par
l’intermédiaire d’articles de presse (la Belgique et l'Autriche par exemple). Les autres ont commenté l’enseignement majeur –et sinistre– de cette étude: depuis 2008, 111 pays ont enregistré un recul de leur niveau de pacifisme, entraînant avec eux le niveau de paix global, et il n’y a que 11 pays qui ne sont pas en état de guerre (interne ou externe).
Les Etats-Unis sont en revanche restés silencieux. Leur classement peu flatteur –101e sur 162 pays– n’y est sans doute pas pour rien. Un article un poil vexé du Washington Post signé Adam Taylor comble ce vide, en s’interrogeant sur la validité de la méthode employée pour établir cet indice.
La définition de la «paix» qui a été retenue va par exemple au-delà d’une simple «absence de conflit» interne
et externe. Des onze pays qui ne sont pas en état de guerre, seuls deux
(le Japon et la Suisse) sont ainsi dans le top 10 des pays les plus
pacifiques.
Cela s’explique par l’importance accordée par l’indice au niveau de
«militarisation» du pays: sept des 22 critères retenus ont un rapport
avec cette question sensible pour les Etats-Unis (dépenses militaires en
pourcentage du PIB, exportations d’armes conventionnelles, l’accès à
des armes légères, etc.).
«Cela signifie qu’un pays comme la Suisse, en dépit de l’absence
de conflit qui le caractérise, ne peut pas prétendre être le pays le
plus pacifique, car cette petite nation a une industrie de l’armement
relativement étendue et rentable», remarque le journaliste du Washington Post.
Cela témoigne de la relativité de la notion de «pacifisme»
selon les critères que l’on retient. Aussi, rassembler 22 critères pour
les amalgamer dans un seul et unique indice semble peu pertinent aux
yeux du politologue américain Jay Ulfelder, qui a fait part de son
scepticisme à propos de cet indice en 2012 sur son blog:
«Nous finissons souvent avec une mesure sommaire qui éclaire autant qu’elle rend inintelligible, car elle nous dissimule ces tensions.»
Nous en venons au sujet qui tient à cœur au Washington Post: les
Etats-Unis méritent-ils d’être aussi mal classés par cet indice, malgré leurs dépenses militaires astronomiques? L’auteur estime que celles-ci peuvent aussi permettre d’éviter des conflits:
«L’usage de la force en Irak, par exemple, pourrait avec un peu de chance éviter d’autres conflits.»
Source : http://www.slate.fr/story/91233/classement-pays-pacifisme
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