Après avoir constaté les conséquences de l'opération "antiterroriste"
des autorités ukrainiennes à Lougansk, les conducteurs du convoi
humanitaire russe ont l'intention de travailler gratuitement, écrit
lundi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
"Les habitants nous ont accueillis les larmes aux yeux. Nous sommes
arrivés à temps – la famine dans la ville a atteint une telle ampleur
que les gens ramassaient les graines de sarrasin tombées de certains
sacs percés", déclare Andreï Koneev, volontaire venu de la région
d'Orenbourg, conducteur du camion 234.
Aujourd'hui, la ville de Lougansk est privée d'électricité et de
communications : les habitants ont été informés de l'arrivée du convoi
par le biais de haut-parleurs. Des volontaires pour décharger les
camions étaient recherchés partout dans Lougansk, et étaient transportés
par bus vers les points de déchargement.
Puis sont venus les gens ordinaires. Des habitants de la ville. Des
femmes sont arrivées avec des photos de leurs enfants et pleuraient,
demandaient de ne pas les abandonner.
"C'est terrible à regarder. La nuit j'aidais à décharger le camion
quand une fillette d'environ neuf ans s'est approchée de moi. Je lui ai
donné de la confiture de la ration et elle s'est jetée dessus comme si
elle n'avait pas mangé depuis plusieurs jours. Je lui ai donnée toute la
ration, elle s'est éloignée de moi, a mangé encore quelque chose et est
repartie avec le reste. Peut-être pour sa famille, si elle est encore
en vie, ou peut-être pour plus tard… Je n'ai même pas eu le temps de
demander d'où elle venait à une heure aussi tardive…", raconte Serguei,
conducteur de la région de Volgograd.
De nombreux conducteurs ont partagé leurs rations avec les habitants.
Le convoi humanitaire a fait venir à Lougansk non seulement de la
nourriture, mais aussi des médicaments de premier besoin (notamment pour
les cardiaques et les diabétiques), ainsi que des groupes électrogènes.
Sachant qu'il sera impossible de faire le plein de carburant sur place,
les conducteurs avaient préparé des batteries et rempli les groupes
avec du gasoil encore dans le campement. Ceux qui ont vu Lougansk pour
la première fois disent qu'ils ne s'attendaient pas à voir une "ville
aussi charmante". Les autres sont frappés par l'ampleur des dégâts.
C'est le secteur privé qui a été surtout touché – dans certains
quartiers une maison sur deux est détruite ou brûlée, racontent les
conducteurs. Des fenêtres sont brisées dans pratiquement toutes les
maisons à travers la ville. Les bris de verre recouvrent les routes et
les cours des maisons. Les câbles électriques arrachés empêchent de
passer, les routes sont parsemées de déchets et de journaux, ainsi que
d'affaires personnelles: des jouets, des vêtements pour enfants, des
livres.
"J'avais vu des choses de ce genre à la télévision et c'est très
étrange de l'observer en réalité. Comme si un enfant fâché avait joué et
jeté ses affaires partout dans la maison. Mais ce n'est pas un jeu.
C'est la réalité. C'est épouvantable", déclare Sergueï.
Les conducteurs ont également raconté que le déchargement était accompagné par des rafales de fusils automatiques…
"On a attendu dix jours la Croix-Rouge, qui n'a pas rempli sa mission
au final. Nous ne les avons pas attendus et sommes partis. C'était
impossible d'attendre davantage. J'ignore ce qu'on écrit à propos de
nous sur internet, mais je suis persuadé d'avoir tout fait
correctement", dit Andreï.
Ce voyage a conforté beaucoup de conducteurs dans l'idée qu'il
fallait poursuivre l'aide. Certains sont prêts à refaire l'expédition
dès demain.
Source : http://fr.ria.ru/presse_russe/20140825/202242514.html
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