Les hackers de la NSA, en voulant
s’introduire dans le réseau syrien en 2012, auraient provoqué une
coupure nationale d’Internet, qui avait été imputée à l’époque au régime
de Bachar al-Assad…
Ce n’est pas tous les jours qu’Edward Snowden s’exprime dans les médias. Réfugié en Russie,
où son droit d’asile vient d’être renouvelé, après avoir révélé au
monde entier l’ampleur de la surveillance électronique menée par les
Etats-Unis, l’ancien consultant de l’Agence nationale de sécurité
américaine (NSA) se fait habituellement discret. Il a cependant accordé un long entretien pour le magazine Wired au journaliste James Bamford, un autre ancien de la NSA qui en a d’ailleurs révélé l’existence au grand public en 1982.
Edward Snowden y revient sur son expérience à la CIA, puis à la NSA,
et sur ses découvertes, révélant deux informations inédites. L’une
concerne un programme de riposte automatique aux cyber attaques nommé «Monstermind». L’autre est une information inattendue concernant une coupure d’Internet dans toute la Syrie en 2012, imputée à l’époque au régime de Bachar al-Assad, qui lui-même avait accusé les rebelles syriens.
«Si on se fait prendre, on pourra toujours dire que c’était Israël»
Selon Edward Snowden, c’est la NSA qui était à l’origine de la panne.
Au printemps 2013, il aurait appris qu’une division de hackers de la
NSA avait tenté six mois plus tôt d’implanter un programme sur un
routeur d’infrastructure d’un important fournisseur de services internet
syrien, ce qui en cas de succès aurait permis à l’agence américaine
d’accéder aux e-mails et à l’essentiel du trafic internet d’une grande
partie du pays. «Mais quelque chose s’est mal passé et le serveur a été
"brické" [c’est-à-dire endommagé au point d’être inutilisable et
irréparable], peut-on lire dans Wired.
A cause de la panne de ce routeur, la Syrie a perdu toute connexion à
Internet – mais le public ignorait que le gouvernement était
responsable.»
Selon le récit d’Edward Snowden, les hackers de la NSA auraient tout
tenté pour réparer à distance le routeur et effacer leurs traces, sans
succès. Mais «heureusement pour la NSA, les Syriens étaient apparemment
plus préoccupés par le rétablissement d’Internet dans le pays que par la
recherche de l’origine de la panne.» «Si on se fait prendre, on pourra
toujours dire que c’était Israël», aurait-on plaisanté au centre
opérationnel de la NSA. L’épisode raconté pourrait correspondre à celui du 29 novembre 2012, quand, à 12h26 locales, le trafic internet de toute la Syrie s’était arrêté. Un porte-parole de la NSA, contacté par Wired, n’a pas souhaité commenter l’information.
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