Le Saint-Siège et l'Etat de Palestine ont signé pour la première fois un accord consacré aux droits de l'Eglise catholique dans les territoires. Un texte historique qui s'apparente pour les Palestiniens à une "reconnaissance de facto" de leur Etat.
Le
Saint-Siège et les Palestiniens ont signé vendredi au Vatican un accord
historique sur les droits de l'Eglise catholique dans les territoires,
qui mécontente Israël dont le gouvernement se refuse toujours à signer
un traité équivalent. Ce texte a été paraphé au Vatican par le
secrétaire pour les relations avec les Etats, le prélat britannique Paul
Richard Gallagher, et par le ministre palestinien des Affaires
étrangères Riyad al-Maliki.
Même
si le Vatican parle d'"Etat de Palestine" depuis début 2013, à la suite
d'un vote de l'Assemblée générale de l'ONU, les Palestiniens constatent
que cette signature équivaut à "une reconnaissance de facto" de leur Etat. Pour l'OLP, l'accord fait du Vatican le 136e pays à avoir reconnu l'Etat de Palestine.
Le
traité a été élaboré à partir d'un accord de base conclu en 2000 entre
le Vatican et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Riyad al-Maliki a qualifié la journée d'"historique", car l'accord "n'aurait pas été possible sans la bénédiction" du pape François. Ce texte, a-t-il souligné, définit "le statut spécial de la Palestine comme lieu de naissance du christianisme et comme berceau des religions monothéistes" et garantit "le statut et la protection des lieux saints" chrétiens.
"C'est
mon espoir, a déclaré de son côté Mgr Gallagher, que cet accord puisse
jouer le rôle d'un stimulant pour qu'il puisse être mis fin
définitivement au conflit (israélo-palestinien) qui a duré trop
longtemps" et que "la solution tant désirée de deux Etats puisse devenir réalité le plus vite possible". Mgr Gallagher a encore espéré qu'il "servirait de modèle pour d'autres pays majoritairement arabes et musulmans", la liberté religieuse étant souvent menacée au Moyen-Orient.
Mécontentement du côté d'Israël
Le ministère israélien des Affaires étrangères a exprimé dans un communiqué "ses
regrets concernant la décision du Vatican de reconnaître officiellement
l'Autorité palestinienne comme un Etat, dans l'accord signé aujourd'hui". Il a ajouté :
Cette mesure précipitée nuit à la perspective de faire avancer un accord de paix et porte atteinte aux efforts internationaux visant à convaincre l'Autorité palestinienne de revenir à des négociations directes avec Israël.
Selon l'Etat hébreu, l'accord contient des "décisions unilatérales [...] qui
ne prennent pas en considération les intérêts essentiels israéliens et
le statut historique spécial du peuple juif à Jérusalem". Par conséquent, "Israël étudiera l'accord en détail et ses implications sur la coopération future (...) (avec) le Vatican".
Selon
des sources proches du dossier à Rome, le Saint-Siège a dû résister à
des fortes pressions d'Israël, visant à empêcher cette signature, qui a
menacé de faire capoter les négociations en vue d'un accord similaire
entre le Vatican et l'Etat israélien. Le Saint-Siège, qui a des
relations diplomatiques avec Israël depuis 1993, négocie également
depuis 1999 un accord sur les droits juridiques et patrimoniaux des
congrégations catholiques dans l'Etat hébreu, dont leurs exonérations
fiscales. Mais chaque rencontre semestrielle se solde par un échec.
Exercice diplomatique délicat du Vatican entre Israël et Palestine
Le
Vatican mène un exercice diplomatique délicat entre Israël et les
Palestiniens, des communautés catholiques étant implantées des deux
côtés dans ce berceau du christianisme qui reste lieu important de
pèlerinage. D'un côté, il veut éviter de froisser Israël et de réveiller
les reproches liés au rôle de l'Eglise dans l'histoire de
l'antijudaïsme en Europe. Mais il a toujours milité pour une solution à
deux Etats, pour un statut spécial reconnu à Jérusalem, ville des trois
monothéismes, et pour les droits des Palestiniens en Cisjordanie et à
Gaza.
Le premier pape à avoir affirmé que les Palestiniens
formaient un "peuple" et non simplement un groupe de réfugiés a été Paul
VI en 1975. En 1987, Jean Paul II avait nommé pour la première fois un
Arabe palestinien comme patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel
Sabbah, une voix forte pour faire entendre la voix des Palestiniens sous
l'occupation israélienne. La même année, il avait reçu le président de
l'OLP, Yasser Arafat, au Vatican.
Le début du processus de paix
entre Palestiniens et Israéliens avait amené le Saint-Siège à établir
des relations avec Israël en 1993 et avec l'OLP en 1994. Paul VI en
1964, Jean Paul II en 2000, Benoît XVI en 2009, et François en 2014 se
sont tous rendus en Terre Sainte. Lors de sa visite, François avait fait
un arrêt impromptu devant le mur de séparation côté palestinien, un
geste très mal perçu côté israélien. En mai, sur une place Saint-Pierre
où flottaient des drapeaux palestiniens, il avait canonisé en présence de M. Abbas les premières saintes palestiniennes, Mariam Bawardi (1846-1878) et Marie-Alphonsine Ghattas (1843-1927).
Source : http://www.itele.fr/monde/video/premier-accord-historique-entre-le-vatican-et-letat-de-palestine-129376
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