Un fossile découvert en 2002 en Roumanie se révèle être l’arrière-arrière-arrière-petit-fils d’un homme de Néandertal.
CARPATES.
L’ADN a levé le doute. Le jeune homme de Pestera cu Oase ("la caverne
aux ossements") découvert dans une grotte des Carpates au sud-ouest de
la Roumanie il y a 13 ans, et daté d'environ 40.000 ans, est bien un
métis, fruit du croisement entre un Homo neanderthalensis et un Homo sapiens sapiens.
Des chercheurs de l’université d’Harvard (États-Unis), de l'institut du Max-Planck (Allemagne) et de l’Académie des sciences chinoises estiment aujourd’hui "qu’il a hérité environ un dixième de son ADN et de gros morceaux de chromosomes d’un ancêtre néandertalien". Leur résultat, annoncé par la paléogénéticienne Qiamei Fu lors du dernier meeting sur la Biologie des génomes de mai 2015 à New York, et publié ce jeudi 25 juin dans Nature fait sensation. "Cette découverte est importante, car il s’agit de la première évidence directe d’un mélange récent survenu en Europe", souligne dans la revue Science le généticien Laurent Excoffier de l’université de Berne (Suisse). Elle appuie la thèse jusqu'à présent minoritaire – portée par l'anthropologue américain Erik Trinkaus
de l’université de Washington (États-Unis) – selon laquelle les hommes
modernes et les hommes de Neandertal se sont accouplés sur le tard en
Europe, lors des quelques milliers d’années où les deux espèces ont
cohabité, aux alentours de 40.000 ans.
Jusqu’à
présent, l’analyse d’ADN anciens et modernes menée par les généticiens
de l’institut Max Planck à Leipzig suggérait plutôt qu’Homo neanderthalensis et Homo sapiens sapiens
s’étaient "croisés" de façon marginale, il y a 150.000 à 80.000 ans au
moins, au Moyen-Orient. Ces résultats bouleversent - et prolongent
- donc l’histoire de la liaison entre nos deux espèces : le croisement
remonterait à quatre à six générations, pas plus, avant la mort du jeune
homme, il y a 40.000 ans environ selon les spécialistes.
Deux métis du paléolithique.
En haut et en bas à droite, le crâne d'Oase 2, un adolescent de 15 ans.
En bas à gauche, deux vues de la mandibule d'Oase 1, un jeune homme
dont l'ADN a révélé les origines néandertaliennes. © Joao
Zilhao/Université de Bristol.
13 ans après, l'ADN donne raison aux partisans des amours mixtes
Lors
de sa découverte, en 2002, le fossile Oase 1 (voir photo), qui se
résumait en tout et pour tout à une mâchoire, avait provoqué une
passionnante controverse. La mandibule présentait en effet des
caractères archaïques intrigants "notamment des dents de sagesse
très fortes et un petit orifice sur la face interne présent chez la
moitié des hommes de Néandertal", selon les paléontologues qui l’avaient analysé.
Erik Trinkaus avançait alors qu’il avait peut-être découvert le premier
hybride néandertalien, la preuve que les deux espèces s’étaient
accouplées. A l’époque, sa démonstration n’avait guère convaincu ses
confrères (lire S. et A. n° 659).
Treize ans après, l’ADN donne enfin raison à Trinkaus et aux partisans des amours mixtes entre les deux espèces. Mais ce n’est pas tout : la grotte d’Oase recelait sans doute un deuxième métis. Erik Trinkaus et son collègue Joao Zilhao, de l’université de Barcelone, y ont trouvé, puis assemblé, les morceaux d’un superbe crâne (voir photo), "portant également un mélange de traits néandertalien et moderne, impossible à expliquer autrement que par un croisement". Le tout appartenait à un adolescent de 15 ans, surnommé Oase 2 (voir photo). "Mais il est peu vraisemblable que nous lui fassions passer un test ADN à lui aussi, confie Erik Trinkaus à Sciences et Avenir. Les os ont été trop lessivés. Je ne veux pas broyer une partie du fossile pour un ADN qui a peu de chance d’être là".
Source : http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/20150612.OBS0679/le-premier-metis-neandertalien-reconnu.html
Aucun commentaire:
Publier un commentaire